Les côtes françaises comptent 152 phares dont plus d'un
tiers se trouvent en Bretagne .
Classés dans une hiérarchie "paradis-purgatoire-enfer"
par les gardiens de phares selon qu'ils sont plus ou moins isolés
et difficiles à vivre , on considère que les phares d'Ar Men ,
la Jument , Kéréon et laVieille font partie de la dernière
catégorie .
La construction des phares isolés s'est déroulée dans des
conditions difficiles et dangereuses , surtout à l' époque (19ème
siècle) où les matériels performants de déroctage
n'existaient pas .
La construction comporte deux parties : l'édification de la
tour et l'installation de l'appareil d'éclairage .
Edification de la tour
La première tâche est évidemment d'établir un système
d'accostage qui permet aux bateaux d'approcher la roche avec le
maximum de sécurité . La partie la plus délicate est la
construction de l'assise du phare . Généralement on réalise
dans le rocher une tranchée circulaire d' un mètre de largeur
et d'une profondeur variable en fonction de l'état de la roche
. Les pierres de l'assise sont ensuite posées de façon
solidaires par un enchevêtrement afin que la mer ne puisse les
entraîner .
Sur d'autres sites , comme celui d'Ar Men où la roche fissurée
d'une superficie d'une centaine de mètres carrés n'émergeait
que d'un mètre cinquante au niveau des plus basses mers , il n'était
pas question de creuser une tranchée d'encastrement . On perça
la roche d'un grand nombre de trous de 30 cms de profondeur afin
d'y sceller des tiges en fer et d'établir entre ces tiges une
maçonnerie à l'aide d'un ciment à prise rapide et d'insérer
dans cette maçonnerie d'autres tiges verticales et des chaînes
horizontales .
La construction fut exécutée par les pêcheurs de l'île de
Sein après quelques hésitations .
Le chantier commença en 1867 . Cette année-là ,ils ne réussirent
que 7 accostages pour 8h de travail et 15 trous perçés .
Chaque ouvrier , muni d'une ceinture de sauvetage s'attachait à
la roche à l'aide d'une corde . Des lames balayaient la roche
et les ouvriers étaient parfois entraînés et récupérés par
le bateau .
L'année suivante , ils travaillèrent 18h pour 34 trous . En
1869 , débuta la maçonnerie . On réalisa 25 accostages pour
44h de travail et 25m3 de maçonnerie . La roche était
recouverte de 30cms de maçonnerie. .Fin 1877 , la tour s'élève
à 16,50m au dessus du rocher et à 12,30m au dessus des plus
hautes mers .L'ouvrage fut enfin allumé en 1881 .
La construction du phare de la Jument qui débuta en 1904
demanda 7 années de travail .Elle nécessita 449 accostages
pour 2037 heures passées sur la roche et 1742 m3 de maçonnerie
.
La plupart des phares de Bretagne ont été bâtis avec le
granit de Kersanton qui servit à édifier bon nombre d'églises
dans le Finistère .
Pour des raisons de coût et d'éloignement du site quelques
quelques phares ont été réalisés en fer . Cependant ils présentent
l'inconvénient d'exiger un entretien important et coûteux .Un
phare de ce type a été construit en Nouvelle Calédonie par
manque de matériaux et de main d'œuvre qualifiés . Un phare
semblable a été élevé aux Roches Douvres au large de Bréhat
, sur la roche du Grand Signal . Après avoir été exposé en
1867 à l'exposition universelle , il a été transporté sur le
site et mis en service en 1868 .Il a été détruit durant la
guerre en 1944 . La tour d'une hauteur de 56m pesait 317 tonnes
. Son diamètre de 11m à la base se réduisait à 4m au sommet
.L'ouvrage comportait une ossature métallique intérieure
comportant 16 montants verticaux et reliés entre eux par des
entretoises horizontales . Les montants reposaient sur des
paliers en fonte scellés et noyés dans un massif de béton .
L'enveloppe en feuilles de tôle rivetées autour de cette
ossature métallique n'existait que pour la protéger de la
corrosion .
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